L'Alsace fidèle à elle-même?

Extraordinaire destin que celui du Frère Médard, né le jour de Pâques 1899, mort le jour de Pâques 1988. Ses fonctions officielles étaient modestes — directeur du Foyer de l'étudiant catholique qu'il avait fondé à Strasbourg en 1925 — mais il a marqué son époque et sa région, l’Alsace, bien plus profondément que tant de notables couverts d'honneurs.

Car, sans arrière-pensée, avec enthousiasme et générosité, il misait sur les hommes et les idées ; n’attendant rien pour lui, il demandait tout des autres. Des milliers de jeunes Alsaciens ont été formés par lui, ont été ouverts au monde, ont été poussés à s'engager dans l’économie, la vie sociale et politique. Rien ne lui était indifférent, et surtout pas la pérennité des valeurs alsaciennes qu'il incarnaitsi bien : à la fois légaliste et protestataire, naïf et rusé, spiritualiste et convivial, immergé dans le peuple et à l’aise parmi les intellectuels et les dirigeants politiques.

Et puis, avant tout peut-être, un homme lucide. Dès les débuts du nazisme, il lança de sévères mises en garde à l’opinion française, qui valurent la fermeture immédiate du FEC en août 1940 ; dès la libération de Strasbourg, fin 1944, il comprit et imposa que, pour éviter les dangereuses dérives de l’entre-deux guerres, l’Alsace politique devait être rattachée aux partis nationaux, et ce fut le début de l’épopée alsacienne du MRP. Même lucidité pour l’Europe, la réconciliation franco-allemande, le désenclavement de l’Alsace…

L'Alsace fidèle à elle-même? restitue la forte, dérangeante et attachante personnalité du Frère Médard: passionnant document sur ses engagements, témoignage direct et souvent incisif sur les hommes rencontrés, réflexions neuves et sans complaisance sur deux siècles d’histoire d’Alsace. Entré de son vivant dans la légende alsacienne, le petit paysan de Hipsheim, D’Bür vu Hipsheim, nous a laissé un incomparable message de vigilance et d’espoir.

L'AUTEUR

Né en 1899, Frère Médard est une des figures marquantes du XXe siècle en Alsace. Créateur en 1925 du Foyer de l’étudiant catholique de Strasbourg, qu’il dirigea jusqu’à sa mort en 1988, il « s’engagea toute sa vie pour unir les hommes ». Bousculant les habitudes et les certitudes, il forma nombre de futures personnalités alsaciennes, côtoya les plus humbles comme les grands noms de son époque. Acteur majeur de la réconciliation franco-allemande, défenseur de l’identité et de l’âme alsacienne, il fut également parmi les premiers à s’engager pour la création de l’Europe.